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Quel bilan pour les présidences Mitterrand?

A l’occasion de l’anniversaire du 10 mai 1981, l’émission « Esprit public »sur France culture du 2 mai 2021 examine le bilan du président François Mitterrand.

En 1981, c’est l’euphorie : Mitterrand accède au pouvoir grâce à l’union de la gauche PS/ PCF, après un long combat politique démarré dans les années 60.  L’alternance paraissait en effet impossible après 23 ans de pouvoir de droite. C’est une normalisation de la vie politique En effet, Mitterrand adopte les institutions de la Vème République qu’il avait auparavant contestées.

Un bilan mitigé

Les premiers temps de la présidence sont ceux des grandes mesures politiques et sociales .On peut citer la retraite à 60 ans, hausse du SMIC, nationalisations, suppression de la peine de mort…Mais la politique économique connait un tournant en 1983.Les journalistes rappellent le contexte international d’une relance isolée, les déficits budgétaires et extérieurs, les dévaluations… En fait le sujet est controversé comme le montre l’article de Médiapart « 1981-1983 : pourquoi le renoncement économique n’était pas inéluctable » du 9 mai 2021.

Les années Mitterrand,  ce sont aussi les privatisations et la dérégulation financière. Le parti socialiste se convertit à la mondialisation et à la logique d’entreprise. Aussi on peut se demander si la gauche s’est adaptée ou reniée.

Un politicien

Mitterrand tient à l’époque un double discours politique. Il défend publiquement une rupture avec le capitalisme notamment dans son programme électoral. En fait ce discours radical ne correspond pas à la réalité. Il marginalise le parti communiste.Il élimine la deuxième gauche en nommant Michel Rocard comme chef du gouvernement.

La manipulation se prolonge avec l’introduction du scrutin à la proportionnel aux élections législatives (élections des députés) pour mettre en difficulté la droite qui doit faire face à une montée du  Front National. Mitterrand le soi-disant « tonton » se pose alors en rassembleur.

La politique étrangère

C’est la gestion accablante du Rwanda . Le président  décide seul comme le démontre la récente commission d’enquête indépendante . Au discours de la Baule, s’oppose les pratiques de la Françafrique et le soutien aux dictateurs. Dans le cadre de la guerre froide est -ouest, Mitterrand qui inquiète,  donne des gages aux États-Unis .Il pratique en même temps une politique gaullienne d’indépendance. Il relance l’Europe et développe une amitié avec le chancelier allemand Helmut Kohl.

Mitterrand bâtisseur

En matière de politique culturelle, le président initie des grands travaux comme la Villette et la pyramide du Louvre. Il soutient l’édition par le prix unique du livre.  Il permet l’éclosion des radios libres en libérant la bande FM…

Mitterrand et les jeunes générations

Ce bilan est apprécié de façon différente selon les intervenants et leur couleur politique. Ainsi Dominique Schnapper, sociologue et politologue,  qui ne fut pas un soutien de Mitterrand pense que celui-ci a alimenté  chez les français un sentiment de trahison et de rejet du politique.

Mais surtout c’est le commentateur le plus jeune, Manuel Cervera Marzal, qui est le plus sévère. Il  dénonce en effet le reniement de Mitterrand et son orientation économique néolibérale. Il reproche aussi l’embourgeoisement du personnel politique et même » le racisme culturel » face aux musulmans en évoquant l’affaire du voile . Ce dernier point semble anachronique et contestable.

 

source: France Culture

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