Caméra
Je suis de bonne humeur je suis au bar qui fait le matin. Le café chaud qui fait chaud en été. Je persiste dans ma routine et écris au kilomètre. Un inconnu joue et rejoue au grattage et apostrophe le « frère », buvant une vodka à dix heures tandis qu’un autre sobre demande un petit citron. Le serveur grec qui a échoué dans ce rade s’inquiète : « vas-tu me mettre dans ton livre ? ». En attendant il s’active et distribue, pressé, les cafés. « Never give up », c’est écrit sur son tee-shirt. Dix heures dix, il passe la lavette sur les tables et se met aux noisettes. La vapeur s’élève pour la mousse de lait. Un habitué claudiquant et tremblant s’installe à sa place : « Bonjour ». Deux belles plantes comme deux jumelles paient leur consommation. Le gratteur, atteint du psoriasis du jeu, se répand en logorrhée. Il continue son cinéma le père de famille. Un client arrive accompagné par son fils comme une initiation. J’ai acheté un stylo quatre couleurs chez le buraliste, un petit plaisir. Il m’a fait une ristourne. De l’altruisme à dix heure trente. J’espère du genre humain. Le gratteur poursuit son théâtre d’une voix de stentor et montre sa cicatrice dans son dos.Tiens voilà la postière. Bientôt le livreur. A la télé muette défilent les courses. Zoom sur le cheval attelé et bientôt l’arrivée. Le gratteur poursuit son monologue. RTL2 déverse son flot. Le café est bu et il reste des traces de son passage sur la table. Une petite fille avec une glace est assise en tailleur en terrasse. ACDC à la radio : « high way to hell ». « Leroy merlin » en gilet jaune traverse le bar. Dix heures quarante cinq à la pendule. Et maintenant c’est Souchon sous les jupes des filles. Malgré la machine les habitués confient leurs paris au serveur. Le 12 arrive je ne sais dans quel hippodrome, délaissé par les spectateurs. Compiègne finalement. « Madame, mademoiselle ? ». « Madame » répond la dame en bustier et mini jupe. C’est l’été. La testostérone grimpe. Au galop au galop ! 4 14 13 8 3, c’est le quinté dans l’ordre. « Police » mélancolise à la radio. Onze heures.

Un commentaire
Veronique Romagny
C’est toujours aussi merveilleux de vous lire. Vous savez créer des ambiances et on est avec vous dans ce café devant un peut noir fumant!!